Internet est partout et nous vivons dans un monde perpétuellement connecté. Il est donc désormais possible de choisir pour ses livres entre le format papier et le format numérique. Le livre électronique (ebook) a en effet déjà conquis une partie du lectorat. Toutefois, quelques sites d’hébergement ou de partage de ces ebooks peuvent pénaliser l’économie du livre dans certains cas. Alors, internet est-il un coup de projecteur ou coup de poignard pour la littérature ?

Le débat sur les sites de partage

De prime abord, si l’on ne tient compte que des fermetures de sites de partage d’ebook tels que Partagora, Partageurs, ou encore Openload, on aurait tendance à penser systématiquement qu’Internet est plus néfaste que bon pour l’industrie du livre.

Pourtant, selon certains spécialistes tels que Laure Ozon-Grisez (éditrice freelance et maîtresse de conférences à l’Université de Bourgogne), Internet serait « indispensable aux métiers du livre ».

D’autres encore pointent les abus du numérique, sa trop grande ouverture et accessibilité, rapportant que parfois il est plus question d’un fourre-tout où l’on trouve de tout et n’importe quoi.

Petit tour d’horizon des hébergeurs de livres numériques

Dans le monde de la littérature, ces sites de partage sont de véritables bêtes noires pour les auteurs et les éditeurs. Le contenu se retrouve mis à disposition de tout le monde gratuitement, sans prendre en compte les règles des droits d’auteur.

Partageurs était un site internet (anciennement Toutbox, et également connu sous le nom PartageLibre.fr ) proposant des fichiers, notamment des livres électroniques, à disposition gratuite des utilisateurs. Le site prenait la peine de désactiver l’accès aux fichiers signalés comme étant en infraction avec les droits d’auteurs, mais il n’effectuait aucun filtrage en amont. Le 31 Mars 2016, il sera forcé de fermer sa page internet, sans donner de raison officielle.

Partagora était un site de stockage et partage de fichiers, principalement axé vers les ebooks. Les utilisateurs étaient nombreux, et la fréquentation du site allait de manière croissante.

Mais le succès du site lui confère une grande visibilité, qui causera sa perte : les ayants droits portent plainte, le site se fait désindexer des moteurs de recherches, et finalement, en Juin 2017, Partagora fermera ses portes. Il était facile d’utiliser cette plateforme, et elle était aussi gratuite, ce qui fut la porte ouverte à de nombreux abus comme des partages illégaux ou bien des contrefaçons.

Les fermetures de Partageurs et Partagora seront un soulagement pour les auteurs qui pointaient du doigt les nombreuses atteintes à leur propriété. On peut même parler d’une belle victoire dans le milieu. Quant aux utilisateurs, c’est plutôt la désillusion qui s’installe : avoir accès gratuitement à des milliers d’ouvrages était un atout (aussi bien financier, que pratique) pour eux, au détriment toutefois des auteurs et des éditeurs.

Openload suivra le même destin. Pendant plusieurs années, le site était dans le haut du panier des espaces de stockage, de partage et de téléchargement de fichier. En Novembre 2019, l’hébergeur fera face à de nombreux signalements d’infractions aux droits d’auteurs : une alliance de professionnels des métiers du livre, du film et du divertissement engagera des procédures à l’encontre du site Openload, qui trouveront un accord concernant la fermeture du site ainsi que le paiement de dommages et intérêts aux ayants-droit.

La plateforme fut victime de son succès : le très grand nombre d’utilisateurs partageaient une quantité pléthorique de films, de livres ou encore de musiques. Bien entendu, à chaque fois qu’un fichier illégal était signalé, le site le supprimait aussitôt. Mais devant ce flot infini de fichiers, il était impossible de tout surveiller.

Un autre reproche qui était fait à Openload était son système de rémunération. Lorsque l’utilisateur partageait une certaine quantité de fichiers et atteignait donc un certain quota, Openload rémunérait ce dernier. Ce qui est problématique, c’est que même si vous partagiez du contenu illégal, vous pouviez être rétribué, illégalement, de fait.

Internet est-il un allié ou un ennemi du livre ?

Selon le point de vue depuis lequel on se place, internet peut être à la fois l’allié ou l’ennemi du livre, dépendant de la manière dont on utilise cet outil. Nous en avons bien démontré le côté néfaste. Toutefois, les auteurs peuvent avoir recours à cet outil pour de l’autoédition, mais aussi pour mettre en lumière leur travail en en partageant des extraits, par exemple.

Au final, tout n’est pas manichéen. Bien qu’il soit devenu facile de publier un ouvrage et le mettre en vente sur internet via l’autoédition, certaines maisons d’édition y voient la fin de leur métier, quand d’autres arrivent à faire face au numérique.

Quant aux lecteurs, certains préfèreront la facilité et l’accessibilité d’un livre numérique, alors que les plus conservateurs opteront pour le traditionnel format papier, avec son toucher et son odeur qu’aucune liseuse ne pourra jamais remplacer !